Un jour, j’ai mis fin à une période de procrastination qui avait duré sept ans. Je gardais dans un tiroir une pellicule fuji, la dernière que j’ai utilisée avec mon appareil argentique (un Minolta offert par ma mère). Sans que je sache exactement pourquoi je tardais à la faire développer et n’y pensais plus, peut-être parce que le passage au numérique a entraîné un changement d’époque, a bouleversé l’usage de la photo et fait oublier brutalement ce temps où chaque cliché devait être pensé, 24 ou 36 coups, pas plus, sans certitude qu’ils aient atteint leur cible. Non, pour le savoir il fallait attendre, aller chez le photographe, déposer la pellicule, revenir le lendemain, et c’est comme si j’avais attendu sept ans pour venir réclamer les photos et exhumer tout à coup une tranche de vie effacée ou presque, comme tant d’autres choses.
Le photographe m’a expliqué qu’il avait fait ce qu’il avait pu. Dans son petit rouleau, la pellicule se dégrade au fil du temps. Et après sept ans de sommeil, la photographie que vous avez prise un jour à Alger ressemble à une vieille carte postale de vide-grenier. Une fois récupérée la pochette, j’ai donc découvert ces images, je suis rentré chez moi et je les ai scannées. Je vais les mettre en ligne ces prochains jours, accompagnées de mes commentaires. Ce sera une sorte de chronique algérienne, pour reprendre pompeusement le titre que Camus a donné à ses articles entre 1939 et 1958. Rien de politique cependant dans ma démarche. Juste des souvenirs et quelques considérations personnelles sur le temps qui passe.