PATRICK-ALDO MACCIONE EN AFRIQUE

Je me suis rendu pour la première fois en Côte d’Ivoire en 1979. J’y suis retourné en 1983 et 1984, puis en 2004 et 2008. À l’époque de mon premier voyage, majestueux au bord de sa lagune, l’hôtel Ivoire passait pour le plus bel établissement du continent africain. Tous les expatriés s’y retrouvaient pour bronzer au bord de la piscine, boire des cocktails, draguer ou faire des affaires. Quant à nous, après trois semaines de brousse, nous avions bien mérité d’en profiter également. Nous avons commencé par nous mettre à jour dans la saga de La guerre des étoiles (épisode 3, Le retour du Jedi) pour barboter ensuite tout un après-midi dans les bassins. L’Histoire retiendra que Patrick a remporté haut la main le prix de la meilleure imitation d’Aldo Maccione. La classe, quoi !

Évidemment, personne ne s’étonnera que j’aie voulu vérifier ce qu’était devenu l’hôtel vingt-cinq ans plus tard… Il était encore là, comme un symbole de la gloire passée, dominant toujours Cocody et, plus loin, le Plateau. Pourtant tout avait bien changé. J’ai d’abord commencé par prendre un verre, seul au milieu du hall, puis je suis allé au hasard des couloirs, des ascenseurs, des terrasses. La piscine avait été siphonnée comme un vulgaire évier, les vitrines faisaient peine, les moquettes dégageaient une forte odeur de moisi. Apparemment quelques hommes d’affaire trainaient encore leur ennui dans le coin, quelques hôtesses aussi, mais rien, décidément rien ne rappelait une certaine après-midi de notre jeunesse.

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J’ajoute quelque chose au sujet du Plateau. Ce quartier « européen », dans les années 60/70, prétendait rivaliser avec New York : gratte-ciel, beaux magasins, banques, compagnies aériennes, office du tourisme vantant les splendeurs de l’Afrique Authentique. Nous y avions logé, accueillis par notre ami mentonnais, M. Martinoia dont je ne peux me rappeler le prénom. Or, en 2004, le quartier était devenu un coupe-gorge. Quelques jours avant mon arrivée, un professeur français du lycée Blaise Pascal s’y était fait courser, obligé de se cacher dans le placard d’une boutique de téléphones mobiles (Vodafone). Dans des circonstances similaires, une employée de l’ambassade de France s’était vu refuser l’entrée du bâtiment alors que des excités entouraient son véhicule, prêts à lui faire la peau. Pas de la rigolade, en somme. Le jardin de la place de la République – où nous avions acheté des statuettes – n’inspirait désormais plus aucune confiance et, passant par là en taxi, il ne m’avait pas semblé indispensable d’y traîner trop longtemps.

Plus tard, en 2008, de retour en Côte d’Ivoire pour raisons professionnelles, c’est pourtant au Plateau que se trouvait mon hôtel (Ibis, si mes souvenirs sont exacts). La situation, il est vrai, s’était un peu calmée dans le pays. Quant au luxueux hôtel du Golfe où je séjournais quatre ans auparavant, il était sans doute devenu trop cher pour le budget non extensible de l’Éducation Nationale Française.

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