Un jour, nous quittions Dano pour Bobo Dioulasso et nous sommes tombés en rade dans la savane, sous la forte chaleur du milieu de journée. Je ne me souviens plus du nom de notre chauffeur ni de la nature de la panne, nous avons attendu plus d’une heure pour finalement partir dans deux voitures et laisser le camion derrière nous. Pendant l’attente, j’ai proposé à Anne-Thérèse de nous éloigner un peu de la route et de profiter de ce moment de répit pour tourner l’interview que nous avions prévue au sujet de l’insécurité alimentaire et qu’on peut voir dans le film Soudure. Nous avons marché une centaine de mètres dans la brousse et je me souviens que nous avons effrayé des gamines qui ramassaient du bois dans le lit d’un ruisseau asséché. Sur le film, Anne-Thérèse est filmée assise en tailleur, derrière elle passent quelques brebis, les arbres sont beaux, tout est calme. Nous avons fait plusieurs prises car il y avait toujours quelque chose qui n’allait pas. Les poils de la bonnette, cette étrange chaussette dont on recouvre le micro, apparaissaient même dans le cadre ! Ce n’est pas si simple de faire du documentaire, mais je garde un excellent souvenir de ce moment. Quelques jours plus tard, sur le chemin du retour vers l’Ouaga, une autre péripétie nous a de nouveau retardés. Cette fois un pneu avait éclaté et je revois encore le chauffeur se faire chauffer à l’arrière d’une mobylette pour aller chercher un nouveau pneu. Oui, c’est l’Afrique, c’est ça. Et c’est agréable d’écrire ces petites histoires, cela change du quotidien, cela donne envie d’y retourner.