Le Cours Bastide de Marseille est un établissement scolaire catholique sous tutelle de la congrégation des Filles du Cœur de Marie. C’est dans ce cadre que le voyage en Inde a été organisé par Pascale Puppinck, responsable du partenariat et des voyages scolaires, et Hazel D’Lima, supérieure de la communauté de Premankur à Bombay. Notre groupe, composé de six adultes et de onze adolescents, a retrouvé les deux organisatrices à Chhatrapati-Shivaji, le nouvel aéroport de Mumbai, dans la nuit du 4 février. Dans le bus qui nous conduisait au St Pius compound, notre lieu de résidence, j’entends encore la voix de Sébastien, 16 ans, répéter en boucle : « C’est génial ! C’est génial ! », alors qu’Éva, sa voisine, avouera plus tard avoir eu très peur, se demandant secrètement : « Où suis-je venue me fourrer ? » Il est vrai qu’une arrivée en Inde en pleine nuit est une expérience marquante. L’impression est étrange lorsque, quittant le hall aseptisé de l’aéroport international, on prend contact avec l’atmosphère du pays réel. Apparemment c’est un bain de vapeur dans lequel vous plongez, en réalité ce sera l’épaisseur palpable des particules de pollution en suspension, au dehors. Michel Lopez et sa femme Céline, Christopher Battini et moi-même avons encadré nos jeunes, assistés d’Ewa Hajdus et d’ Anne-Marie Berger (une ancienne du Burkina Faso et du Bénin). Pour des ados, un tel voyage n’est pas anodin. Certains ont déjà vécu des séjours linguistiques, d’autres ont accompagné leurs parents dans des périples plus ou moins lointains, d’autres enfin n’ont jamais voyagé. Mais cette fois il ne s’agissait pas pour eux de vacances, encore moins de tourisme. Lorsque devant les malades silencieux et épuisés de la Fondation Saint Vincent de Paul à Trombay, ils ont entamé leur danse (une chorégraphie mémorable sur le non moins mémorable « Magic in the air »), le point ultime de leur expérience était sans doute atteint. Que valait leur bonne humeur de façade (ils avaient en vérité la gorge serrée), devant la réalité brute du ravage déjà avancé du SIDA ou de la lèpre ? Pourtant, ils ont dansé; ils ont pris sur eux. Et ces hommes ou ces femmes, qui nous étaient apparus tels des fantômes errants, ont applaudi, souri, ont remercié nos jeunes du don qu’ils leur faisaient… Or, ce jour-là, il y eut bien réciprocité. Les malades de Trombay, si démunis soient-ils, ont eux aussi donné à nos jeunes l’occasion de grandir. C’est là également un don précieux.
Outre, déjà cités, Sébastien C. (revêtant fièrement à la fin du voyage une blouse indienne) et Éva C., toujours souriante, Emma P., Emma T., Amaia F., Olivia T., Margot R., Axelle D., Jean Baptiste M., Jean Baptiste P. et Margaux I. Chacun de ces ados a contribué à sa manière à la réussite du voyage. Emma T., toujours discrète sur ses émotions, a tenu le choc alors qu’elle était la benjamine; Axelle, tout aussi pudique, n’a jamais fléchi dans sa bonne humeur ; Olivia est d’une grande générosité ; Amaia d’une sensibilité à fleur de peau ; Margot R. a passé là-bas le cap des dix-huit ans mais s’est surtout découverte ; Éva C. est d’une grande richesse intérieure; Margaux I. a stabilisé le groupe ; Emma P. a beaucoup appris et retenu ; Jean Baptiste M. est un type bien; tout comme Jean Baptiste P. et Sébastien C., des garçons murs et généreux. Bien sûr, ces quelques mots ne suffisent pas à décrire ceux qui ont vécu l’aventure. Ce n’est d’ailleurs pas le lieu, ici, d’en dire davantage. Qu’ils sachent cependant, puisqu’ils lisent cet article, que j’ai eu plaisir à voyager avec eux comme avec mes collègues du Cours Bastide et les Filles du Coeur de Marie qui nous ont accompagnés. Je reviendrai évidemment sur l’extraordinaire travail réalisé par ces femmes, qu’il s’agisse de Pascale, Hazel, Anne-Marie ou Gracy Fernandes que nous avons rencontrée quelques jours après notre arrivée. Elles savent d’ores et déjà que je leur suis extrêmement reconnaissant de l’accueil qu’elles nous ont réservé et de tout ce qu’elles nous ont appris au cours de ce voyage. Merci infiniment !
Et maintenant place aux photos du groupe, de chacun et de chacune. Le prochain article reviendra sur l’Inde et sur ce qui s’y joue. Comme on peut le deviner, il y a beaucoup à dire.