L’INDE TRAVAILLE

INDE 2016-42

C’est le moins que l’on puisse dire. Un peuple au travail, souvent dans des conditions très rudes, dans la pénombre de petits ateliers, dans les champs, la rue, partout. Un jour, je décide de rendre compte de cela aussi. J’ai remarqué qu’autour du parc de St Pius, passé le portail et son « vigile », le petit quartier de tôles vibre d’une activité permanente, souvent en contre-bas de la route et dans le lacis des venelles. Ici un imprimeur, là des ferronniers ou des ajusteurs, là encore des ouvriers du textile, sans compter les commerçants ou les coiffeurs de rue. Je m’approche, je souris, baragouine quelques mots d’anglais (pas toujours compris), et passe un moment avec ces inconnus. Toujours bien reçu. Jamais inquiété. Nous sommes ici dans l’Inde laborieuse, voilà tout, qui n’a pas le temps de vous ennuyer, qui vous accueille avec un peu d’étonnement (que vient faire là ce type ?), mais toujours avec bienveillance.

De l’autre côté de la grande ville, à Colaba, se trouve le College of social Work Nirmala Niketan où vit et travaille depuis quelques années notre tendre amie Gracy. Nous y sommes reçus comme des rois, avec une mention spéciale pour les cuisinières (masala dosa, poix chiche, gâteau au chocolat, ce dernier en l’honneur de Margot dont nous fêtons les dix-huit ans.) Niketan signifie « l’Immaculée », et elle trône en effet dans l’entrée de l’édifice tout blanc, juste devant l’ascenseur antique qui nous projette (façon de parler) au sommet de l’immeuble, jusqu’au belvédère colonisé par les corbeaux. La Bombay coloniale est à nos pieds : Marine Drive à l’Ouest, le cinéma Eros, Victoria station, la gare de Churchgate, etc. Gracy, toujours malicieuse, nous montre comment elle est devenue l’amie des corbeaux : distribution de miettes (?) dans la lumière dorée du soir. L’auteure de Child Sponsorship – A tool for development, comme Hazel et Pascale, nous aura éclairé durant tout le séjour. Au moment où approche la fin de ce carnet de route, il me faut encore une fois les remercier au nom de tous.

Développement, action sociale, santé, nutrition, éducation : voici les domaines pour lesquels le Nirmala Niketan, à deux pas de l’Alliance Française de Mumbai, assure une formation universitaire de haut niveau. Beaucoup des FCM indiennes que nous avons croisées ont été formées ici. Des travailleuses sociales de terrain qui ont appris autant dans les livres qu’au contact de la réalité. 285 étudiants, dont beaucoup de boursiers, vont jusqu’au Master avec de grandes chances de trouver un emploi. Très réputé, le collège ne cache pas son ambition de former une élite capable, un jour, d’influencer la politique générale du pays. Et de fait, la créativité des jeunes gens est étonnante. Nous avons la chance de visiter la structure voisine, le Nirmala Niketan Polytechnic, au moment de la grande exposition annuelle des travaux d’étudiants : architecture, design, ameublement, dessin, photographie, création de haute couture; l’Inde moderne est là, sous nos yeux, allant de l’avant… À l’issue (ou presque) de ce reportage, c’est peut-être aussi l’image qu’il faut garder. Dans l’ombre ou la lumière, avec les problèmes qu’il serait vain de nier ou de caricaturer, l’Inde fait son chemin. Elle n’a besoin de personne. Elle est assez grande.

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