Dernière semaine du Tour de France; je ne connais même pas le maillot jaune. Un signe… Après une escapade en Uruguay dont je parlerai très vite (dès demain), retour en Argentine. Sans se réduire à cela, ce voyage sera un jeu de saute-frontières. Il me reste deux jours avant de commencer ma lente remontée vers le nord, j’ai pas mal navigué dans Buenos Aires, envie de sortir de la ville. Je choisis la proche banlieue de la capitale et d’un coup de train mets les pieds à Tigre, sans fusil mais bien décidé à explorer le delta du Rio de la Plata. Les abords de la gare n’ont rien de passionnant et le hamburger a le goût d’herbe. La pampa est trop riche, les vaches argentines devraient se mettre au régime.
Renseignements pris, il faut une embarcation pour espérer s’extraire de la zone molle. Chose faite rapidement. La lancha est un bateau collectif qui ramène les banlieusards chez eux, ici ou là tout au long des canaux naturels. Le ciel, chargé en début de parcours, finit par s’éclaircir et me voici à pied d’œuvre au débarcadère de Tres Bocas pour commencer ma promenade. Elle durera près de trois heures tant il est agréable de longer ces berges, de suivre les sentiers parfois étroits, d’emprunter les passerelles. Pas de doute, je m’appelle Jean-Jacques Rousseau ! Où ai-je fourré mon herbier ? Pins, filaos, saules, palmiers, orangers, bambous composent une végétation variée où se nichent les maisons sur pilotis. Lumière douce d’après-midi d’hiver, température idéale, pas grand monde. Odeur ? De temps en temps celle d’un barbecue (le fameux asado) ; non, messieurs dames, l’eau brune ne sent pas la vase. Son ? Des chiens parfois aboient mais restent bons garçons. Moteurs aussi de quelques embarcations, y compris celle de la police qui sillonne ce coin tranquille d’Amérique du Sud, hors du temps, à part. Après m’être éloigné perpendiculairement de la berge (le flair !), guidé par un chien d’aspect local, jaune dans mon souvenir, je m’arrête un instant devant une cabane. Je ne connais pas les bayous de Louisiane, mais à entendre ces notes de blues, je m’y crois. On ne saura jamais qui jouait le morceau, pas question de déranger. D’une manière générale, ici, on vit tranquille et sans clôture. Des gars réparent dans un coin du jardin (quoi ? ça non plus on ne le saura pas, je ne vais tout de même pas inventer), un vieil homme range son bois, des copines bavardent au soleil installées sur un ponton (chaque maison en possède un, avec cette mini voie ferrée qui mène la barque du jardin à la berge). Qui dit mieux ? Je passe…
Au retour, la ville approchant, je regarde d’un peu plus près le parc d’attraction que longe courageusement mon navire : dinosaures en pagaille. Autre secteur à risque, le supermarché chinois, par bonheur fermé. Il ne me reste que peu de temps avant de reprendre le train pour Buenos Aires; je le passerai à trouver un bureau de change et à traînasser du côté du Puerto de Frutos (dire que j’ai fait 10000 kilomètres pour voir ça). Rien de plus dans le jour déclinant; la life dans le delta…
Quoi !!! Tu ne savais même pas qui était le maillot jaune ! Tu as raison Alain : c’est insigne !
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