OUTBACK

 En 1862, il avait fallu une dizaine de mois à l’explorateur écossais John Mc Donall Stuart pour relier Adélaïde, tout au sud, à la mer de Timor tout au nord. De nos jours on compte généralement six jours de route pour accomplir le même périple. À Darwin comme à Adélaïde rôde dans certaines rues l’idée du départ, de la grande traversée. On s’y prépare, comme dans les westerns, en faisant réserve d’eau, de pièces de rechange pour le matériel mécanique, d’armes, pour certains. Les pick-up garés à l’ombre des banians sont prêts pour la route. Dans sa partie septentrionale, que j’ai donc parcourue avec Marine en 2009, cette route passe par le spectaculaire Lichfield National Park, Pine Creek, Katherine et le mystérieux Nitmiluk National Park, Daly Waters où le pub fait collection de soutiens gorges, Tennant Creek, minuscule bourgade où on peut boire des bières, manger un hamburger dégoulinant et refaire le plein de gasoil, les rochers de Devils Marbles, enfin, dont la légende veut qu’ils aient été pondus par le Diable ; autant de passages obligés agrémentés tantôt de baignades en eaux cristallines, tantôt de conversations avec routiers – sympas, faut-il le préciser, malgré l’effarante dimension de leurs trucks. Entre chaque point, un immense désert rouge ou ocre d’où surgissent parfois quelques dromadaires sauvages, descendants des dromadaires importés au XIXe siècle par les colons européens. On remarque aussi quelques carcasses de bagnoles et les très nombreux kangourous écrasés, desséchés par le soleil invariable… Ce sera à peu près tout, à quoi s’ajoute une fois atteint Alice Springs – et c’est là peut-être que se justifie un tel voyage – l’impression satisfaisante d’avoir atteint un CENTRE continental, isolé de tout, gagné kilomètre par kilomètre au prix de patience, d’ennui parfois (car la route est monotone) et de volonté de distance. La ville (on peut enfin parler de ville) ressemble à un quartier de maisons basses comme on en voit dans les films californiens de Spielberg. Quelques collines gravies facilement permettent d’en mesurer la dimension modeste. Mon petit film, tourné à la tombée du soir, permet de s’en rendre compte. 

Dans la journée, l’activité se réduit à peu, sans doute entravée par le soleil et la poussière. Pour les amateurs, quelques galeries et autres centres d’information permettent de découvrir une culture aborigène défendue avec ténacité par ses représentants. L’ambiance se modifie avec la nuit qui tombe tôt et vite. Les bars font le plein, ça picole, c’est festif : un mélange un peu rude de saloon et d’auberge pour backpakers, le folklore habituel des soirées australiennes au milieu des déserts.

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