ROAD TRIP

Comment dire ? Voyager en voiture ou en bateau au sein de la nature canadienne réserve une première impression de reconnaissance. Je « reconnais » par exemple le bâtiment d’un étage avec coursive, éclairé, à la nuit tombée, par l’enseigne MOTEL. À s’y méprendre… Nous sommes dans un road movie, c’est-à-dire loin de tout, au fond d’un bled désert (seule la bootle shop reste ouverte la nuit), avec nos voisins les bikers, deux types qui clopent dans leur chambre. Pour un peu débarqueraient Wim Wenders, Sam Shepard et Jessica Lange. En face, de l’autre côté de la route, il y a une sorte de bastringue désaffecté. Quelqu’un a disposé trois fauteuils en bois face à la mer et vous passez l’heure tranquille à scruter l’orque qui passe… ou pas. Bien entendu, le décor n’oublie ni la station service ni les portées poétiques des fils télégraphiques. Le rythme même du voyage, ses longueurs, vous rappellent le tempo lent des films, leur dramaturgie des grands espaces. Bref, toute une mythologie pour se sentir en pays de connaissance, le voyage réel redoublant les images génériques qui squattent l’imaginaire.

La reconnaissance signifie-t-elle pour autant l’absence de surprise ? Vous avez beau l’attendre, l’apparition soudaine du grizzli surprend toujours ! Il y a l’idée qu’on s’était faite, le sentiment d’être dans un décor, et l’impact réel que l’événement, dans son paysage, a sur vous. Deux choses différentes. Le prochain carnet laissera encore parler les images, histoire de remplir encore un peu le réservoir, de remettre une pièce dans la machine.

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