
On est surpris de trouver au Canada une région aussi aride que le désert d’Osoyoos, à l’extrême sud de la vallée de l’Okanagan, autrement nommée la « Provence canadienne ». Peu de temps après l’épisode du dôme de chaleur de l’été 2021, cette région, célèbre pour ses vignes et ses vergers, subit encore d’importants incendies sur les hauteurs. L’atmosphère est lourde sous une sorte de brume permanente qui estompe les reliefs. Heureusement, les haltes dans les wineries et les baignades dans les lacs nous revigorent. À Osoyoos, nous nous amusons à tremper nos pieds aux États-Unis d’Amérique puisque la frontière passe par là. Cette maison cossue sur le rivage, juste derrière le grillage, est-elle trumpienne ou bidienne ? Comme on s’en fout. Avec Florence, nous prenons aussi la poudre d’escampette pour laisser les jeunes télé-travailler. Jolie excursion vers le Chute Lake : un panneau, au bout de la piste (biche aperçue au passage), nous le dit : YOU’VE MADE IT ! Tu parles d’un exploit ! Le soir, retrouvailles au motel pour l’ambiance déjà décrite ailleurs. Une autre biche s’est égarée sur le parking.








L’exhaustivité n’est pas l’ambition de cet article, je passe donc sur d’autres moments pourtant agréables et intéressants de ce premier périple en Colombie Britannique du sud. Je signale simplement que depuis Vancouver il faut compter quatre heures de route pour atteindre l’Okanagan en traversant parfois de magnifiques paysages comme ceux du Manning park.
Autre surprise, cette fois-ci en Alberta, la ville de Calgary, capitale des Rocheuses, Mecque du ski alpin et ville olympique, occupe le centre d’une plaine immense et dont on peine à voir le bout. Il faut en effet rouler une bonne heure pour enfin apercevoir les sommets. Ici commence vraiment le trip des Rocheuses, en suivant l’itinéraire des parcs nationaux : du sud au nord, Banff, Yoho, Jasper. La route large, comme une voie triomphale, s’élève au long des vallées, des rivières, laissant aux voyageurs une tenace impression de grandiose majesté. Impossible de tout évoquer, il faut le vivre. Manon, je la remercie encore, nous concoctait là un programme qui n’épargnerait ni nos jambes ni nos émotions ; un festival en somme auquel, je l’espère, les photographies rendent suffisamment justice. L’absence de villes ou de villages, la brume toujours persistante, les immenses secteurs où la forêt a été incendiée, la présence de la faune, la force des eaux, tout cela concourt au spectacle et ne laisse aucun répit. Chateaubriand, lui, n’avait pas eu besoin d’aller en Amérique pour chanter la somptuosité du Nouveau Monde (côté est). Ce filou, connu pour sa modestie, devait être bien rencardé.
« La rivière qui coulait à mes pieds tour à tour se perdait dans les bois, tour à tour reparaissait brillante des constellations de la nuit, qu’elle répétait dans son sein. Dans une savane, de l’autre côté de la rivière, la clarté de la lune dormait sans mouvement sur les gazons; des bouleaux agités par les brises et dispersés çà et là formaient des îles d’ombres flottantes sur cette mer immobile de lumière. Auprès, tout aurait été silence et repos, sans la chute de quelques feuilles, le passage d’un vent subit, le gémissement de la hulotte; au loin, par intervalles, on entendait les sourds mugissements de la cataracte du Niagara, qui, dans le calme de la nuit, se prolongeaient de désert en désert et expiraient à travers les forêts solitaires. » (Génie du christianisme)
Simon, j’en suis sûr, appréciera.
PS : rendez-vous demain pour passer côté Pacifique.






























