
L’Erg Chebbi a beau être, selon Ibrahim, un ridicule bac à sable en comparaison du vrai désert, le sien, celui de Mhamid, il fait immanquablement son effet lorsqu’en fin d’après-midi, dans une lumière frisante, vous progressez sur le faîte de ses dunes. Jean en pleurerait. Catherine se souvient de Colomb-Béchar. Et moi je m’imagine sur une arête de neige, celle des dômes de Miage par exemple. D’ailleurs – non, ce n’est pas un mirage – au détour d’une bosse un homme bleu glisse sur un « sandboard ». Au loin une caravane passe, pas plus véritable sans doute que celle dont le même Ibrahim, la veille, nous a chanté la légende…
C’est que dans ce recoin du Tafilalt, le réel flirte avec l’étrange. À l’hôtel nous sommes seuls. Un homme mutique nous sert. Ses prunelles ont la pureté minérale des gemmes. Merzouga, quelque part là-bas, est devenue paraît-il une ville hérissée d’immeubles, avec allées interminables de lampadaires. Mais aujourd’hui nous sommes dans un conte oriental. Je sors un moment dans la nuit. Voici plus de quarante ans, je dormais déjà sous cette voûte. Nous regardions le W de Cassiopée. Il me faudrait le retrouver ce soir, avant de fermer les yeux.























