Tout en haut de la France, à deux pas de la frontière belge, se trouve mon autre pays. Plat, comme on sait. J’y retrouve certaines marques, des souvenirs, la chaleur familiale. J’ai revu Tata Lulu dans son fauteuil, face à la mer. Bonne nouvelle, son dos ne la fait plus souffrir et elle a de nouveau le sourire. Avec Robert nous sommes allés sur la tombe de mon oncle et de mon grand-père, Pierre, mort en 1955. Tout près se trouve également la tombe de ma grand-mère. Nous sommes passés rue Paul Machy voir l’ancienne maison. Pendant mon adolescence, à l’époque de mes premiers voyages, j’envoyais toujours une carte postale à cette adresse quand bien même la grand-mère ne « savait » pas la lire (dans le Nord, on emploie savoir pour pouvoir, de même qu’on méconnaît totalement l’usage du subjonctif, ce qui donne par exemple : « Faut que je suis sûr de trouver une baraque à frites. »). Bref, après un superbe périple de 4500 kilomètres à travers l’Europe du Nord, je retrouve un « chez moi ».
EUROPE DU NORD 2013
POLOGNE AU VOLANT
En traversant la Baltique, j’ai atterri dans un endroit assez bizarre et changé de culture : Dlugie Ogrody, ul. Rzęna 1, Gdańsk, Pologne. L’hôtel, difficilement repérable dans la zone industrielle de la ville, a semble-t-il annexé un immeuble d’inspiration soviétique ou quelque chose du genre. Cela donne il est vrai une bonne impression d’espace mais, comment dire, c’est un peu froid, spartiate, tatillon (pour le parking par exemple), sans être ruineux heureusement. Ainsi, je viens de dîner pour 6 euros environ : une bière, des frites, du chou, des carottes râpées, une tranche de porc panée et du nescafé (pas de dessert possible). La ville de Gdańsk est fort belle, en tout cas son centre historique complètement détruit pendant la guerre et reconstruit brique par brique. En revanche, venant de Suède où la placidité et le calme de la population sont frappants, l’ambiance polonaise m’a paru très anarchique. La circulation en particulier est très difficile. Les Polonais sont les rois du déboitage et du non-respect des limitations de vitesse. Il leur faudrait quelques radars comme en Scandinavie où vous pouvez en trouver huit ou neuf sur un tronçon de 15 kilomètres (je n’exagère pas, c’est vrai). D’autre part, les indications sont incompréhensibles. Érika et moi avons cherché en vain le lieu de l’exposition The Human Body (pas sûr que j’aie à le regretter) et, au retour de Westerplatte, nous nous sommes carrément perdus. J’en profite pour expliquer ce qu’est Westerplatte : tout simplement le lieu où la Seconde Guerre Mondiale a commencé, le 1er septembre 1939. Les soldats polonais ont bien résisté, treize ont été tués, mais quelques jours plus tard Hitler pouvait s’installer au Grand Hôtel de Sopot où j’ai fait un saut ce matin. Signe des temps, la dernière visiteuse de marque de cet hôtel haut de gamme s’appelle Rihanna. Bref, cela fait un moment contrasté du voyage. En changeant de pays, j’ai changé d’univers et, en même temps, rapproché mes guêtres. Les Polonais me semblent foutraques mais sympas. La ville, quant à elle, a la beauté de l’Histoire et la complexité du Présent.
SCANDINAVIA
Il suffit de passer le pont et vous êtes tout de suite en Suède. Nothing to declare ? Nothing ! Première surprise, Malmö est la troisième ville du pays et il y règne un calme étonnant. Même le Zara du coin est un havre de quiétude ; pourtant, c’est la période des soldes… On se promène dans cette espèce de lenteur scandinave (?) ; même les morts sont tranquilles alors qu’ils sont curieusement enterrés dans un jardin public. Plus loin, je visite l’éco quartier de Västra Hamnen avec sa tour futuriste. Hassan s’entraîne : combat de boxe contre le vent tandis que les baigneurs plongent et les filles bronzent. Encore des kilomètres, un minuscule port de pêche, une lande, un curieux alignement de menhirs. Il faut voir tout ça, Érika, allons-y ! Le soleil joue à cache-cache avec les nuages. Parfois, la lumière est émouvante.
CALME DANEMARK
Danemark. Depuis l’Allemagne, après un peu d’autoroute (bucolique, avec fleurs sauvages sur les bas-côtés), petits détours au gré de l’inspiration Michelin. Ici, les églises sont rouges, et je fais halte à la Gundslev Kirke, entourée de son cimetière. Calme d’un bijou ignoré. Plus loin, halte dans l’étrange Vordingborg. Immeubles dans le vent. Personne. Enfin, Copenhague ou plus exactement le Go hotel, près de l’aéroport. Il reste à prendre le train pour le centre, se débrouiller avec les inscriptions en danois.
Se promener dans Copenhague se fait à pied. La ville est à taille humaine et il s’en dégage une impression de douceur et de tranquillité. Incroyable aussi ce que peuvent être sexy les filles à vélo. Et je ne sais pas par quel miracle elles sont toutes bronzées.
HAMBURG FIERTÉ
Randonnée urbaine de 12 heures dans Hamburg, d’abord sous la pluie puis sous le soleil… J’étais venu dans cette ville pour enfin admirer le Promeneur au-dessus d’une mer de nuages de Caspar Friedrich mais je n’avais pas prévu de tomber sur la Gay Pride. Une belle fête, pleine de couleurs, de tendresse, de folie. Le promeneur a donc un peu attendu mais je l’ai retrouvé au calme, dans une belle salle de la Kunsthalle, seul et fier lui aussi, dominant les lointains romantiques. Désormais, je pourrai mieux parler de cette œuvre à mes élèves. Ma promenade, quant à elle, s’est poursuivie par le Norderelbe Hafen. Impression de puissance, horizons lointains là aussi avec ces empilements de conteneurs en partance pour la Chine ou Singapour. Enfin, je ne pouvais manquer St. Pauli. On y trouve de tout dans les vitrines… Là encore, c’est plutôt bon enfant mais interdiction de photographier. Cela ne se fait pas, tout simplement.
PS : quelques images de le côte baltique en supplément.
BERLIN SCHWARZ WEISS
J’aime beaucoup cette ville et admire toujours la façon dont les Allemands vivent l’Europe. On peut leur reprocher d’être égoïstes ou dominateurs ; en réalité, dans une ville martyrisée, ils sont un exemple de ce qui s’appelle la paix. (Attention, c’est un lointain fils de Dunkerque qui parle, autre ville explosée…)
PS : depuis quelques années, TACHELES, le centre d’art contemporain sauvage, a été fermé pour cause officielle de sécurité. Mais les friches industrielles gagnées par les artistes ne manquent pas à Berlin ; les squatters de Tacheles trouveront donc d’autres ruines pour exposer et vendre leurs productions inégales.
NOIR ET BLANC
Le noir et blanc m’intéresse. Vont suivre plusieurs albums consacrés à l’Europe du Nord : BERLIN, ALLEMAGNE DU NORD pour Hamburg, Lübeck et les plages de la Baltique ; DANEMARK ; SCANDINAVIE pour la Suède et la Norvège ; POLOGNE pour les paysages surtout urbains de la Poméranie et DUNKERQUE, un des lieux de mes origines. .
Bonnes visites !