GORGES PROFONDES

‌En 1980, une piste serpentait au plus près de l’oued. Nous avions campé et je filmais en Super 8. Au-dessus de nos têtes, les parois étaient vierges et la 2CV s’était arrêtée à l’entrée de la gorge. Aujourd’hui une jeune femme russe se prend en selfie sous la falaise, les bus de touristes font la queue et les jeunes du coin organisent des parties de moulinette grâce aux lignes de spits installées tous les cinq mètres. Les gorges du Todgha méritent leur succès, en admettant qu’une curiosité géologique mérite quoi que ce soit. Après le défilé étroit où se concentrent les visiteurs, il faut poursuivre vers le haut de la vallée élargie, spectaculaire elle aussi par la variété de ses couleurs, ses chaos de roches, le mystère de ses hauteurs abruptes. Peu de villages, en tout cas moins que dans la vallée du Dadès voisine que nous parcourons quelques jours plus tard. Pour l’essentiel, l’album du jour donne un aperçu des parages. La dernière photo est celle de ma chambre. Il y faisait froid. Les couvertures pesaient lourd. Nous nous contenterions d’une toilette de chat. Pourtant, je l’avoue, quelque chose en moi aime ces conditions spartiates. C’est un peu ma mise en scène (d’où la photo). Comme tout le monde je serre discrètement les dents puis je m’en amuse, après coup.

POUR LE PLAISIR DES YEUX

L’année 2022, pour le site Des mondes regardés, fut celle de la reprise après la longue interruption due à la pandémie du Covid. Une interface simplifiée, de nouveaux articles, de nouvelles séries (« Encore un autre jour… », « Cartes »), de quoi stimuler la curiosité et aiguiser le regard. Une fois n’est pas coutume, en me retournant sur lui, je vois dans ce vaste ensemble de textes et de photographies un témoignage de mon passage ici-bas. Je le propose à qui voudra bien y puiser un peu de vie et de vigueur, comme à une fontaine rafraichissante sur le bord du chemin. Merci aux 14 638 visiteurs qui, depuis huit ans, ont fait un jour étape sur les routes de Till The End. Bonnes futures visites à celles et ceux qui, en cette fin d’année 2022, apprécieront de me suivre jusqu’au Maroc, pays lumineux et amical, théâtre de mes débuts, de mes retours, de mes amitiés aussi. Une fois encore Catherine était de la partie. Elle pose sur son pays de cœur un regard connaisseur et attendri. Les Marocains la reconnaissent comme l’une des leurs. Jean, quant à lui, délaissait pour une fois Istanbul et nous offrait son enthousiasme et ses musiques (dans la voiture). Que de bonheur à voyager en si bonne compagnie, de celles que rien ne blase, pas plus la répétition des paysages que le partage un peu frisquet de la soupe du soir.


Trois ou quatre albums vont suivre ces jours-ci, agrémentés bien sûr de commentaires. Bonne année 2023 à vous deux, Jean et Catherine. Bonne année à vous tous qui lisez ces articles et aimez ouvrir vos yeux.