BURKINA : LA TOURNÉE DES POPOTES

Il fera très chaud dans une vingtaine de jours au Burkina Faso, région de Dano – Diébougou. Mais il est temps d’y retourner, d’y refaire la « tournée des popotes » sans laquelle les liens peuvent de se distendre et les projets perdre de leur réalité. Par les temps qui courent, ce n’est surtout pas une aventure mais une manière de prendre la mesure des choses. Une classe de collège est à construire, de nouveaux chantiers sont à ouvrir, d’autres sont à évaluer. Il y a de quoi faire et je compte bien le raconter. Rendez-vous  au mois d’avril (départ prévu le 4). En attendant, le site va s’africaniser de temps en temps avec d’anciens articles réédités ou, si j’en ai le loisir, quelques nouveautés.

Bonne arrivée du printemps à tous.

AD

LE COUP DE LA PANNE

Un jour, nous quittions Dano pour Bobo Dioulasso et nous sommes tombés en rade dans la savane, sous la forte chaleur du milieu de journée. Je ne me souviens plus du nom de notre chauffeur ni de la nature de la panne, nous avons attendu plus d’une heure pour finalement partir dans deux voitures et laisser le camion derrière nous. Pendant l’attente, j’ai proposé à Anne-Thérèse de nous éloigner un peu de la route et de profiter de ce moment de répit pour tourner l’interview que nous avions prévue au sujet de l’insécurité alimentaire et qu’on peut voir dans le film Soudure. Nous avons marché une centaine de mètres dans la brousse et je me souviens que nous avons effrayé des gamines qui ramassaient du bois dans le lit d’un ruisseau asséché. Sur le film, Anne-Thérèse est filmée assise en tailleur, derrière elle passent quelques brebis, les arbres sont beaux, tout est calme. Nous avons fait plusieurs prises car il y avait toujours quelque chose qui n’allait pas. Les poils de la bonnette, cette étrange chaussette dont on recouvre le micro, apparaissaient même dans le cadre ! Ce n’est pas si simple de faire du documentaire, mais je garde un excellent souvenir de ce moment. Quelques jours plus tard, sur le chemin du retour vers l’Ouaga, une autre péripétie nous a de nouveau retardés. Cette fois un pneu avait éclaté et je revois encore le chauffeur se faire chauffer à l’arrière d’une mobylette pour aller chercher un nouveau pneu. Oui, c’est l’Afrique, c’est ça. Et c’est agréable d’écrire ces petites histoires, cela change du quotidien, cela donne envie d’y retourner.

LES PASSANTES DE DANO

Un jour, j’arpentais le marché de Dano en quête de bonnes images pour le film que j’étais en train de tourner. Les marchés africains, c’est toujours un peu la même chose. Le bruit, les odeurs, les petits tas de piments bien alignés, les étalages de poudre et d’huile de beauté… Mes compagnons recherchaient eux aussi de quoi se fabriquer du souvenir, généralement des tissus, de la vannerie, des calebasses qu’on retrouve ensuite sur les étagères et dans les armoires, à la maison. Et puis elles sont passées. Je serais bien incapable de dire d’où elles avaient surgi, où elles allaient, pourquoi, de toute évidence, hormis leur beauté, quelque chose en elles les faisait reines. Ce fut comme une apparition, comme dirait l’autre !

Le plan est très furtif. J’en ai capturé quelques images. Ce sont les passantes de Baudelaire, de Brassens, d’autres encore, à Dano, Burkina Faso, Afrique de l’Ouest, Planète Terre.

VIENNE LA NUIT

Ou peut-être faut-il seulement régler son micro, poser la caméra, faire tourner, et attendre. Dans ce petit film, ce sont les premiers plans que je préfère, les deux premières minutes, parce que c’est la réalité brute, sans intervention. Après quoi, on retombe dans la sélection, le montage. Et ce n’est plus la présence mais la recomposition.