
Encore un autre jour, je me trouvais en Gambie, à la morte saison. Ce pays anglophone est une bande posée en écharpe sur la carte du Sénégal, ce qui me refait penser à un lointain projet de « travailler » sur les bandes, soit en me rendant sur place, soit en imaginant ce qu’elles sont, faute de pouvoir les visiter. La bande de Caprivi, par exemple, m’a toujours intrigué et je me souviens encore de la tête de mon amie Claire lorsque, avec un certain enthousiasme, je lui parlai de cette curiosité. Mais, voilà donc un article qui commence par cinq lignes de digression. Revenons à la morte saison gambienne. Elle occupe sur le calendrier les mois de juillet et août, époque de l’année qu’on appelle paradoxalement hivernage, l’adverbe « paradoxalement » tenant sa pertinence de la zone tempérée de l’hémisphère nord où se situe l’immense majorité de mes très nombreux lecteurs.
Je séjournais à Bakau, sur la côte atlantique, à la One World Village Guesthouse, une sorte de grande villa dont la piscine était vide, contrairement à ce que j’avais pu espérer au moment de la réservation. Je partageais le premier étage du bâtiment avec deux ou trois gars louant la chambre voisine de la mienne et occupés une bonne partie de la journée à fumer et à s’enfiler des bières sur notre balcon commun. C’était bien, dans le coin, la seule animation. Les rues du quartier se perdaient dans le sable aux limites de la plage et des établissements balnéaires en état, au moins provisoire, d’abandon. Il me fallut un bon moment pour repérer l’unique alligator de la mare du Calypso Bar, indifférent aussi bien à ma présence qu’à celle des martins-pêcheurs traversant, en vols directs et véloces, d’un bord à l’autre de la petite pièce d’eau. Je tentais une baignade un peu plus loin, dans l’océan lui-même, tandis que des pêcheurs remontaient leur filet. En reprenant ensuite le chemin de ma chambre, passant de nouveau devant le Calypso Bar, je vis un singe peut-être désireux de gratter ici ou là quelque nourriture.
De la nourriture, on n’en trouve pas à la superette sans nom située au bout de la Kofi Annan street mais en face, au restaurant Rising Sun. J’y déjeunais en début d’après-midi sous un ventilateur. Le soir, dans la nuit, j’optais pour le Calypso. Le dîner (peut-être des brochettes et du riz) était servi sous des paillottes éloignées les unes des autres, reliées par un réseau pavé et toutes dominant la mare au crocodile solitaire. Il faisait bon, le serveur avait allumé des tortillons anti moustiques, le muezzin appelait, et, tout en sirotant ma bière, je me suis demandé si j’allais revoir le singe chapardeur aperçu quelques heures plus tôt.










Bonjour vieux crocodile.
Sache que parmi tes très nombreux lecteurs, je suis très heureux d’être de retour après presque un de disparition de presque tous les radars des activités humaines. Accidents de la vie aux sens très larges. Me voici contraint à une nouvelle liberté. En route, plus clopin que clopant (enfin, j’espère), vers de nouvelles aventures. Et heureux d’être en mesure de te lire à nouveau.
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Que cela me fait plaisir, Vincent, je m’inquiétais en effet de plus avoir de tes nouvelles. Tu as toujours mon mail. Bises, Alain.
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