Prenons une fin d’après-midi d’été à Vancouver. Quelque chose de pacifique se joue au bord tranquille de l’océan, dans un after work sportif et convivial, jeune, arrosé de bière. C’est une façon d’entrer dans ces nouveaux carnets consacrés à la découverte de la Colombie Britannique et de l’Alberta. La ville de Vancouver, située au sud-ouest du Canada, s’étend entre le fleuve Frazer et le fjord de Burrard. Il est facile de s’y repérer. Les rues en damier facilitent l’orientation du nouveau visiteur tandis qu’une promenade sur la colline de Burnaby permet aisément d’embrasser l’ensemble (à moins que l’on préfère le bar tournant de la tour top of Vancouver : une heure, le temps de boire quelques verres, pour détailler le panorama de la ville sans bouger de son fauteuil. Au loin, s’élèvera alors la silhouette glacière du mont Baker, aux États-Unis.)











Au plancher, l’impression première et générale est que Vancouver, depuis l’aéroport jusqu’aux coteaux boisés du Nord, se présente comme une succession de quartiers chics : allées ombragées, végétation charmante, cottages estampillés city’s heritage buildings, voitures de luxe, voitures anciennes. On repère aussi très rapidement la vertitude. Jolie promenade que l’Arbutus greenway où l’on cueille les framboises du Maple community garden, espaces pelousés du campus (vide en été) de l’UBC, randonnée urbaine au confidentiel Ravine park, impression forte laissée par l’immense Stanley park bordant immédiatement la city… La nature, en réalité, n’est jamais loin. À West Vancouver, l’ours est signalé, à Stanley park un coyote a attaqué une petite fille, des orques sont régulièrement observées dans les eaux du port. Ratons-laveurs, écureuils, aigles, tout ce beau monde prend ses quartiers en pleine ville sans être dérangé. C’est un folklore mais pas seulement un folklore. Il suffit de prendre un ferry à Horseshoe bay pour mesurer combien la ville a dû depuis ses origines (fin du XIXe siècle) disputer son territoire au monde sauvage. Le construit s’inscrit dans le bois, la végétation première, et bien que haut dans certains secteurs de la ville il ne masque jamais les perspectives et la profondeur. Principe municipal.




















La densité de population de Vancouver est la plus forte du Canada ; un peuple extrêmement divers, cosmopolite, songe avant tout à travailler, à faire des affaires. Nous rencontrons Marianne et Patch, des Français installés ici depuis de longues années. Ce qui a séduit Marianne chez Patch ? Sur un coup de tête il décide un jour de louer une maison au milieu des arbres à Bowen Island. Le vieil homme et la forêt… D’après Marianne, Vancouver est une ville riche qui ne s’intéresse qu’aux riches. Business, business, et, apparemment, healthy way of life… À la librairie Indigo (une sorte de Cultura local), je suis frappé par l’ampleur du rayon marketing, affaires, personal succes, money, health ; à côté, le rayon littérature est misérable. « Comme la vie culturelle », ajoute Marianne, et il faut bien chercher pour trouver d’autres librairies. Près de Chinatown, je repère tout de même un bouquiniste ; Le Rouge et le noir est écorné. That’s all. Nous sommes en bordure de West Hastings street et c’est toute la misère du monde qui est réfugiée là, homeless titubant, partageant les seringues, détruits. La ville, malgré les efforts des services sociaux, a fait semble-t-il le choix de laisser converger ici tous les désespoirs, deux ou trois rues pas plus, tacitement délimitées pour éviter que ne se répande la boue du malheur, réservée aux oubliés des programmes de coaching mental et de la réussite.
PS : Il me faut évidemment remercier chaleureusement Manon et Simon pour leur accueil et Florence, agréable compagne de voyage, toujours prête pour l’aventure ! À Vancouver, nous avons eu aussi le plaisir de retrouver mon ami le photographe Éric Guyon et sa famille. Je les salue ici.










